La revue Billebaude

N°7 Climat

96 pages, 230 x 300 mm
Prix public TTC France : 19.90 €

Bienvenue dans l’anthropocène.

Dans cette ère géologique nouvelle, l’homme est devenu le principal agent de modification de l’équilibre du « système Terre ». Partout où l’on observe la nature, y compris dans les roches, on trouve l’empreinte humaine.

Comment penser cette nouvelle imbrication entre l’homme et la nature ? Concrètement, dans quels paysages, avec quels animaux vivrons-nous à l’ère du réchauffement climatique ?

EDITO

Partout où les chercheurs observent la nature, ils trouvent l’homme, dont les traces sont présentes dans les sols, les océans, l’air. On désigne par anthropocène, cette nouvelle ère géologique où nous sommes devenus la principale force capable de transformer les équilibres à la surface de la planète.


Si la date de commencement de l’anthropocène fait débat au sein de la communauté scientifique, on observe, depuis les années 50, une augmentation vertigineuse de l’impact des activités humaines sur le système terrestre, ce que les chercheurs ont nommé la grande accélération. Difficile de dire à quoi notre habitat ressemblera dans quelques décennies, mais il sera profondément bouleversé. Après plusieurs millénaires de stabilité, le climat se dérègle et l’épuisement de certaines ressources naturelles nous menace.

Paradoxalement, le décalage se creuse entre les faits scientifiques qui nous sont rapportés et notre capacité à agir collectivement. Nos modes de production, nos institutions politiques, nos représentations du monde, sont dépassés par cette crise. Tous nos repères deviennent obsolètes. Alors que la pensée moderne avait nettement distingué l’homme de la nature, nous avons du mal à nous figurer cette situation inédite, où les deux sont imbriqués.

Ce numéro de Billebaude croise des regards venus de la philosophie, de la biologie, de la gestion de l’environnement et de l’art pour réfléchir aux questions pratiques et philosophiques posées par l’entrée dans l’anthropocène. Dans quel habitat et avec quelle biodiversité allons-nous vivre à l’ère du réchauffement climatique ? Comment en sommes-nous arrivés à un mode d’exploitation de la nature aussi destructeur ? Quels savoirs mobiliser pour sortir de la crise ? Sur le terrain, nous parcourons les forêts françaises avec des gestionnaires et des scientifiques qui soulignent les incertitudes autour de l’avenir des forêts. Des ethnologues racontent comment, en Laponie, les éleveurs de rennes ont développé une science de la neige qui leur permet de s’adapter aux variations de plus en plus subites du climat. À San Francisco, l’arrivée de jeunes otaries dans les rues suscite l’émoi et illustre les paradoxes autour de la valeur que nous accordons aux animaux sauvages. En Namibie, la coexistence entre l’homme et la nature se reconstruit à travers la gestion communautaire fondée sur une relation ancestrale aux animaux sauvages et avec l’appui d’outils modernes.

Comment étudier la nature à l’ère du réchauffement climatique ? Comment penser cette situation inédite où l’homme est le principal agent géologique ? Nous en débattons dans ce numéro avec le biologiste Vincent Devictor et le sociologue Bruno Latour. Nous interrogeons aussi les représentations artistiques de la nature. Chez les peintres contemporains de la révolution industrielle en Angleterre et aujourd’hui avec l’émergence d’un art de l’anthropocène, où la nature n’est plus seulement un support esthétique, mais aussi un lieu de débats politiques.

À la fois sur le terrain, dans les laboratoires de recherche et les ateliers d’artistes, la crise climatique entraîne des effets imprévus, des incertitudes, et révèle la nécessité de recomposer de nouveaux savoirs et de nouvelles représentations pour comprendre cette nature, dont nous nous sommes éloignés et qui nous rattrape. C’est un défi oppressant mais passionnant. Bienvenue dans l’anthropocène !

Anne de Malleray

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