N°8 Le lapin
Prix public TTC France : 19.90 €
Selon que l’on se tourne vers l’éleveur, le chasseur, l’agriculteur, le paysagiste, l’écologue ou l’artiste, le lapin n’est jamais le même. Pour l’un il est nuisible, pour l’autre gibier, « espèce ingénieur », produit ou encore doudou. Ce numéro ne choisit pas une définition du lapin a priori. Il explore des situations concrètes, où humains et lapins sont pris ensemble dans des relations de domestication, de gestion des écosystèmes, d’élevage, de destruction des cultures, de chasses, de récits fictionnels et de mythes. Ces histoires multiples ont un point commun. Malgré son apparente insignifiance, le lapin est un révélateur puissant des limites de notre capacité de maîtrise du vivant.
EDITO
Suivre la trace du lapin dans l’histoire permet de s’apercevoir de son pouvoir de transformation sur le monde. Il s’échappe des garennes, des grillages autour des parcs et le long des voies
de chemin de fer. Il ne se plie jamais aux règles qu’on lui impose. Comme le montrent très bien l’anthropologue Lucienne Strivay et la sociologue Catherine Mougenot interviewées dans ce numéro (p. 6), le petit animal, qui a suivi l’homme occidental dans ses conquêtes, a provoqué des catastrophes écologiques qui ont entraîné des réponses démesurées. Jusqu’à la guerre biologique en France et en Australie, racontée page 38.
Le lapin oblige à remettre en question une idée de la nature, extérieure et indifférente à notre histoire humaine. Ce numéro retrace une histoire commune des humains et du lapin et esquisse une coévolution foisonnante. À l’image d’un terrier, il propose des embranchements multiples, qui conduisent vers des lieux où humains et lapins coexistent tant bien que mal. Dans les élevages intensifs, où règne la rationalité économique et technique (p. 22), sur les emprises SNCF de la région parisienne où le lapin prolifère alors que ce n’est pas là qu’on l’attend (p. 28), en Camargue ou en Espagne où son rôle d’« espèce ingénieur » apparaît alors que les populations déclinent (p. 76).
En déjouant les plans de gestion, en débordant des espaces qui lui sont impartis, le lapin révèle nos points aveugles et nos paradoxes. C’est un farceur qui nous confronte aux limites de notre connaissance et de nos modes de gestion de la nature et nous invite à chercher en permanence des solutions pour cohabiter avec lui.
Anne de Malleray