Expositions

du 5 mars au 31 décembre 2025

Nouvelle acquisition
Gustave Courbet, "Scène de chasse sous la neige", 1864

Une œuvre inédite de Gustave Courbet rejoint les collections du Musée

La Fondation François Sommer est heureuse d’annoncer qu’une œuvre majeure rejoint les collections du Musée de la Chasse et de la Nature : Scène de chasse dans la neige de Gustave Courbet, datée de 1864. Conservée dans une collection privée, la même depuis plus de 100 ans, elle était jusqu’à présent inconnue des spécialistes. Cette acquisition confirme la place de la Fondation et du Musée au premier plan des lieux dédiés à la peinture cynégétique. Il s’agit du premier Courbet à entrer dans les collections de l’institution parisienne.


Une scène de chasse saisissante, entre réalisme et intensité narrative

 

Dans un paysage d’une blancheur éblouissante, où contrastent des arbres aux troncs sombres et aux feuilles mortes, un cerf dévale une pente et s’élance sur un lac gelé. Le ciel est radieux, la lumière vive. Trois lévriers le suivent de près. On va sans doute sonner le bat-l’eau. Le cerf, à bout de souffle, poursuit sa course. Aucun chasseur en vue, seuls les chiens filent sur la neige…

 

Courbet et la chasse : une passion inscrite dans son œuvre

 

Gustave Courbet, né à Ornans en 1819, fut l’un des chefs de file de la peinture réaliste au XIXe siècle. Outre ses œuvres emblématiques, telles qu’Un enterrement à Ornans ou L’Origine du monde, son corpus comprend plus de 130 scènes de chasse — sujet qui suscite un intérêt croissant chez les historiens de l’art, notamment depuis l’exposition Les chasses de monsieur Courbet en 2012 au musée Gustave Courbet d’Ornans dont la Fondation François Sommer était partenaire.

 

Très attaché aux paysages de la Franche-Comté de son enfance, et plus particulièrement aux vallées de la Loue et du Lison où il possédait un atelier, Courbet y revenait souvent pour peindre et chasser. On découvre dans ses tableaux une connaissance très fine de la nature dans laquelle il a grandi. Son abondante correspondance relate de nombreux souvenirs de chasse.

 

L’instinct du peintre-chasseur


Courbet, grand chasseur, traite ici le sujet en connaisseur : il sait exactement quel moment il faut peindre pour tenir le spectateur en haleine et animer la scène. Il est loin des peintures de chasse décoratives généralement exécutées à l’époque par des peintres de commande. En fin connaisseur, il sait que la chasse par temps de neige est interdite depuis 1844. Pourtant, à l’image de sa peinture, Courbet s’affranchit volontiers des règles, préférant suivre son propre instinct plutôt que les lois établies.

 

L’artiste présente des scènes de chasse au public pour la première fois au Salon de 1857. Le thème de la chasse est alors remis au goût du jour par l’empereur Napoléon III.

 

Le tableau acquis par la Fondation François Sommer date de 1864. Il est tout à fait dans la lignée de ses prédécesseurs, et rassemble tous les éléments chers à Courbet : un gibier noble, des chiens courants, une neige d’une blancheur éblouissante et une forêt sombre. C’est une période où il peint de nombreuses scènes de chasse dans la neige, dans des formats similaires.

 

Rien cependant ne nous permet d’affirmer qu’il a vu des cerfs en Franche-Comté, alors que sa correspondance décrit avec force détails ses chasses au cerf en Allemagne. C’est probablement de là qu’il a tiré son inspiration pour la majorité de ses tableaux de cerfs.


Un paysage enneigé au cœur du réalisme de Courbet

 

Une grande attention est portée aux détails, aux reflets dans la neige, au miroitement du lac, à l’ombre des forêts, aux oiseaux perchés à contre-jour : le paysage est ici aussi important que le gibier, suivant l’habitude de Courbet. Ce n’est pas la première fois que l’artiste peint un cerf forcé se jetant à l’eau. Mais au contraire d’une version datée de 1861, centrée sur un animal isolé et donc beaucoup plus tragique, l’épisode représenté ici fait partie d’un tout qui s’inscrit dans une continuité en harmonie avec la nature…

 

Un tableau ancré dans l’héritage cynégétique du XIXe siècle

 

Aux côtés d’Alfred de Dreux et de Carle Vernet, déjà présents dans les collections du musée, Courbet impose ici son style singulier, où la matière picturale épouse la force du sujet. Son entrée au musée n’est pas seulement une acquisition : c’est un événement qui consacre une nouvelle lecture de l’héritage cynégétique dans l’art du XIXe siècle.

 

Un Courbet inédit révélé au public

 

Comme le souligne Rémy Provendier-Commenne, responsable des collections du musée, l’œuvre est « restée dans la même famille depuis le début du XXe siècle et n’avait jamais été exposée ni cataloguée. Sa reconnaissance par le Comité Gustave Courbet en juin 2024 et son intégration au catalogue raisonné de l’artiste viennent consacrer son importance. Ainsi, ce paysage de neige constitue désormais une pièce maîtresse du corpus cynégétique de l’artiste ».

 

Exposée dans le Cabinet du Loup, face au regard imposant du cerf naturalisé, cette œuvre vient prolonger la narration immersive des collections, offrant aux visiteurs une expérience unique où l’art et la nature s’entrelacent.

 

Pour Henri de Castries, président de la Fondation François Sommer, « cette acquisition exceptionnelle s’inscrit pleinement dans les missions de notre institution, qui, en révélant au public une œuvre jusqu’alors méconnue, contribue à la conservation du patrimoine artistique au bénéfice du plus grand nombre. Elle témoigne du rôle fondamental de l’art dans la sensibilisation à la nature, conviction première des fondateurs François et Jacqueline Sommer ».

 

 

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