du 13 octobre 2024 au 27 janvier 2025
Parcours Jean-Baptiste Oudry dans les collections permanentes du musée
Jean-Baptiste Oudry
en lien avec l'exposition " Oudry, peintre de courre. Les chasses royales de Louis XV "
Le Musée de la Chasse et de la Nature et la Fondation François Sommer sont partenaires de l’exposition Oudry, peintre de courre. Les chasses royales de Louis XV qui se déroule jusqu’au 27 janvier 2025 au Château de Fontainebleau.
À cette occasion, le musée vous invite à découvrir les œuvres du peintre des chasses royales de Louis XV accrochées dans les salles du 1er étage.
Salon des chiens
1/ La Lice et ses petits
Huile sur toile
1752
Le tableau repéré et acquis au Salon de 1753 par le baron d’Holbach a connu un immense succès public, puis une véritable fortune artistique puisqu’il fut copié et réinterprété de nombreuse fois.
Selon Denis Diderot, Jean-Baptiste Oudry lui-même estimait que ce tableau était le meilleur qu’il avait peint, alors qu’il était déjà âgé de 67 ans et qu’il achevait sa carrière. Outre ses qualités picturales — le traitement du clair-obscur et l’acuité dans la représentation de cette chienne - cette œuvre constitue un important jalon dans l’histoire de la représentation animale.
La lice est un chien de chasse femelle destinée à la reproduction. L’artiste la montre ici allaitant ses six chiots dans une forme d’allégorie de la maternité. Le peintre pousse très loin l’humanisation de l’animal en lui donnant une attitude bienveillante et un regard attendri, introduisant ainsi une nouvelle manière de représenter les animaux.
Jusqu’alors prédominait la vision de Descartes qui considérait l’animal comme une simple machine, incapable d’éprouver le moindre sentiment. Cette figure d’une mère avec ses petits coïncide avec une nouvelle époque où les naturalistes, tel le comte de Buffon (1707-1788), mais surtout Charles Georges Leroy (1723-1789), lieutenant des chasses royales et philosophe, auteur des Lettres sur les animaux (1768), affirment que les animaux sont dotés de ressentis, de réflexion et capables de sentiments et d’émotions.
2/ Chiens et gibier mort
Huile sur toile
1752
L’univers de la chasse constitue un des thèmes décoratif privilégié pour les appartements et se prête à la représentation des chiens. Cette œuvre en est l’exemple parfait puisqu’elle provient d’une boiserie d’hôtel particulier (ancien Hôtel Marbeuf, 8ᵉ arr.).
En tant que successeur de Desportes comme peintre des chasses du roi, Jean-Baptiste Oudry perpétue certains stéréotypes faisant le succès des scènes de retour de chasse.
Au pied d’un arbre mort, l’artiste met ici en scène deux chiens blancs gardant le gibier du jour : un lièvre et un faisan accrochés à une souche. L’un des chiens semble encore dans la dynamique du temps de la chasse et s’approche pour flairer ses prises, tandis que l’épagneul au premier plan, au repos, observe la scène. À la différence des tableaux de Desportes placés de part et d’autre dans la salle, ces chiens conservent leur anonymat : ni colliers, ni noms en lettres d’or ne permettent de les identifier. En revanche, ils répondent à leur réputation : ces chasseurs polyvalents capables de traquer gibier à plumes et à poils sont représentés calmes et obéissants.
La nature occupe une grande partie de la toile, mais sous des allures spontanées et vivaces, cette dernière est façonnée par le passage de l’homme qu’il soit chasseur, bûcheron ou artiste. Oudry, à l’instar de Desportes, camoufle d’ailleurs sa signature sur une pierre du chemin.
Salon bleu
3/ Chien en arrêt sur deux faisans
Huile sur cuivre
1747
4/ Deux chiens gardant du gibier mort
Huile sur cuivre
1747
Cette paire de tableaux a été peinte pour Louis XV en 1747 comme l’indique une inscription gravée au dos de chaque plaque de cuivre : PEINT POUR LE ROY. PAR J.B. OUDRY. / PEINTRE ORDINAIRE DE SA MAJESTE. /ET PROFESSEUR EN SON ACADEMIE ROYALLE / DE PEINTURE ET SCULPTURE 1747. On ne retrouve aucune allusion à l’achat de ce tableau dans les Comptes des Bâtiments du Roi où étaient consignées toutes les dépenses de l’administration royale. Mais le roi a pu passer cette commande à Oudry à titre personnel, sur ses propres deniers.
La virtuosité de ces panneaux, leur dimension réduite et la qualité de leur support en font des œuvres rares et précieuses car elles appartiennent à un corpus très restreint actuellement circonscrite à six œuvres : soit ce duo, Butor et perdrix gardés par un chien blanc (musée du Louvre, inv. 7028), des Oiseaux perchés sur un cerisier peint pour Madame de Pompadour en 1750, un pendant conservé dans une collection particulière représentant des oiseaux, pour l’un pluvier, pour l’autre un vanneau.
Exposé au Salon de 1748, puis au Salon de 1750 (parmi un ensemble de cinq œuvres sur cuivre), ces tableaux reçurent un accueil très favorable du public et des commentateurs. Le savoir-faire et la minutie d’Oudry dans la réalisation d’œuvres de petit format furent loués.
Ancêtres du braque, ces chiens couchants, appelés également « chiens d’arrêt » avaient pour rôle de lever le petit gibier, puis de l’immobiliser et le rapporter au chasseur. Lorsque le chien détecte une proie, il s'immobilise dans une pose tendue très caractéristique, indiquant à son maître la présence du gibier : c’est cette attitude que l’on nomme « l’arrêt ».
On remarque dans Chien en arrêt sur deux faisans que l’arbre divisant la scène en deux verticalement occupe une place prépondérante dans la composition. À sa gauche, le chien en position d’arrêt qui veille sur les deux faisans se trouvant à droite au premier plan.
Deux chiens avec une perdrix et un lièvre morts montre dans le même type de paysage la prise du gibier, un lièvre et une perdrix, suspendus par les pattes à une branche d’arbre. Les deux chiens sur la droite ne sont plus dans l’état de tension qui précède la prise, mais plutôt dans un état de quiétude, assoupi ou attentif au butin de chasse.
Salon de compagnie
5/ Chien barbet gardant du gibier
Huile sur toile
1728
La physionomie hirsute du chien Barbet est assez fréquente dans l’œuvre de Jean-Baptiste Oudry. Le célèbre animalier le représente à plusieurs reprises gardant du gibier ou en train de chasser.
Excellent chien de chasse et bon nageur, le barbet – caractérisé par des poils longs et frisés - est un précieux auxiliaire pour la chasse au gibier d'eau en particulier les canards, d'où son nom de chien cane. Le barbet de petite taille, nommé canichon (petit canard) semble bien être l’ancêtre du caniche.
Les traités de vénerie flattent sa résistance et ses qualités olfactives. Afin de faciliter leurs évolutions aquatiques on prend l’habitude de tondre barbets et caniches. Cette tonte est initialement pratiquée à des fins utilitaires pour leur éviter l’inconfort des poils humides et prévenir divers maux comme la gale ou la prolifération de puces, de chancres ou de loupes.
On apprécie également tonte pittoresque dite « en lion ». L'arrière-train est rasé tandis qu'on réserve sur la tête un casque de poils de hauteur convenable. Les pattes sont également rasées et parées d'un bracelet de poils, les manchettes, Enfin, la queue est terminée par un pompon rond ou oblong.
Aussi, à partir du XVIIe siècle, le barbet délaisse marais et terrains de chasse pour régner dans les salons du fait de son inégalable fidélité et de son caractère enjoué particulièrement apprécié.