du 13 mars au 2 septembre 2018
«Seven Lakes Drive»
Laurie Karp
Commisariat de l'exposition : Claude d’Anthenaise
Formée à la Rhode Island School of Design où elle découvre une multitude de supports, Laurie Karp expérimente diverses techniques à la sortie de ses études allant de la céramique à la peinture, en passant par la vidéo. Ayant le goût des hybridations dans ses formes autant que dans les techniques de création, elle mixe fréquemment ces modes d’expression au sein d’une même oeuvre. Ainsi, imbriquant divers types d’images, elle peut combiner ses formes sculpturales avec des dessins ou vidéo. Dans le même esprit, elle associe image et textile : utilisant la technique traditionnelle de la broderie, elle crée des images numériques dont elle s’applique à suggérer les pixels à l’aiguille. Mais c’est à la céramique qu’elle revient le plus volontiers pour donner vie à un monde étrangement organique. Utilisant la richesse d’effet que permet l’émail, elle s’attache à évoquer la diversité des textures et des matières. Ce sont souvent des fragments anatomiques, lambeaux ou viscères, petites formes charnelles qui paraissent destinés à un festin barbare. La cruauté n’est jamais loin.
Jouant de l’attraction de techniques associées aux arts décoratifs, Laurie Karp esquisse des scènes déroutantes ou hommes et bêtes entretiennent des rapports ambigus. Sa vision de la nature n’est pas celle d’un Eden immobile et serein. Elle l’envisage plutôt comme une sorte de théâtre tragicomique dont les acteurs seraient animés par le désir et la faim. Leurs étreintes mortelles, leurs luttes bec et ongles, elle les voile sous l’apparence charmeuse de la céramique ou de la broderie. C’est dans cet esprit qu’elle a conçu l’essentiel des pièces créées pour l’exposition au musée de la Chasse et de la Nature.
Issues d’une résidence du musée de la Céramique de Desvres , un ensemble d’oeuvres en faïence émaillée décline le thème de la forêt. Mais La thématique de l’eau n’est jamais loin de son travail et les formes organiques couvertes d’écailles voisinent avec des condensés de paysages au sein d’installations dont l’artiste laisse à l’observateur le soin d’élucider l’intrigue. L’élément liquide est encore présent, mais canalisé cette fois, dans une tuyauterie proliférante d’où jaillissent des fleurs de glycine. À la Manufacture de Sèvres – Cité de la céramique, Laurie Karp a également conçu un ensemble de sculptures en porcelaine destinés aux salons de peinture du musée de la Chasse et de la Nature. Reprenant les formes, les décors et les techniques issus du répertoire de la manufacture créée à l’initiative de la marquise de Pompadour, elle crée un ensemble faussement rassurant. Elle y perpétue de petits crimes avec humour et férocité, sous couvert d’un décor aux accents rococo.