Souffler n’est pas jouer
Le plasticien Jean-Luc Bichaud puise son inspiration dans la nature. Entre autres expériences, il greffe des éléments du vivant afin de constituer des êtres hybrides. Nichoirs, flotteurs de pêche ou encore jardinières constituent l’univers à la fois terrestre et aquatique de l’artiste. Ici, il s’intéresse aux appeaux, instruments utilisés par les chasseurs pour tromper le petit gibier et composés à l’origine à partir de noyaux d’olive, de cerise, d’éclats de bois ou d’écorce, de plumes ou encore de coquilles d’escargot.
Cette collection de cinquante appeaux, accompagnés de cartels didactiques, constitue une sorte d’inventaire de chants d’oiseaux peuplant la forêt. Théoriquement destinés à être joués, les petits instruments aux formes bizarres sont censés reproduire les chants réels ou imaginaires de l’avifaune européenne. Ils se prêtent à un jeu plastique et phonétique. Jean-Luc Bichaud détourne les codes scientifiques de la muséographie.
Il a en réalité rassemblé des instruments hétéroclites sans vocation acoustique : alambic, pomme d’arrosoir, seringue, etc. Conçu comme un leurre, cet assemblage suspect incite le visiteur à rester aux aguets et à endosser le rôle d’un gibier ou d’un oiseau, trompé par un son mécanique.