mercredi 30 octobre 2024 ↦ 19H
Castor, lémur brun, choucas des tours : mieux cohabiter avec des espèces protégées
Mercredi 30 octobre, la Fondation François Sommer vous invite à assister à la 7e édition des rencontres Homme-Nature, cycle de conférences-débats scientifiques consacré à la protection de la nature et des espèces sauvages. Le lémur et le choucas des tours qui font l’objet de programmes de recherche soutenus par la Fondation, seront rejoints ce soir-là par le castor. Loin des idées reçues, quatre universitaires et chercheurs viendront partager les connaissances les plus récentes sur ces espèces protégées qui sont parfois, à tort ou à raison, sources de conflits avec les activités humaines.
Quel est le statut de ces 3 espèces, en France métropolitaine et d’Outre-mer ? Quels sont les enjeux de leur conservation ? Quelles sont leurs interactions avec les activités humaines ? Quelles réponses peuvent apporter les chercheurs pour favoriser une coexistence pacifique entre les activités humaines et la faune sauvage ? Voici quelques-unes des questions auxquelles nos invités répondront, en s’appuyant sur des observations et des données de terrain, des travaux croisant biologie, éthologie, ethnologie et sociologie.
Sur scène, Anthony Laurent, rédacteur en chef d’Environnement Magazine mènera la table ronde, autour de laquelle prendront place :
- Sébastien Dugravot, maître de conférences à l’université de Rennes, qui mène un projet de recherche, soutenu par la Fondation François Sommer, sur les populations de choucas des tours en Bretagne ;
- Bruno Simmen, chargé de recherche au CNRS-Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN)-Université Paris Cité, qui conduit une étude, également soutenue par la Fondation François Sommer, sur le lémur brun à Mayotte, primate frugivore protégé.
- Claire Harpet, anthropologue et ingénieure de recherche, à l’université Jean-Moulin Lyon 3, qui travaille sur le lémur brun à Mayotte, avec Bruno Simmen.
- Rémi Luglia, président de la Société Nationale de Protection de la Nature (SNPN), agrégé et docteur en Histoire, chercheur associé aux universités de Caen-Normandie et de Tours, spécialiste du castor.
Le Castor, ingénieur des écosystèmes
La castor, familier de nos fleuves et rivières, est un acteur clé des écosystèmes. En Europe, sa protection a commencé en 1909. Il a été le premier mammifère sauvage, alors considéré comme nuisible, à bénéficier d’une interdiction de destruction en France. Il est protégé sur l’ensemble du territoire national depuis 1968. Aujourd’hui, après avoir frôlé l’extinction, l’espèce est en pleine expansion grâce à ce statut de protection et aux actions de conservation qui en découlent, avec plus de 15 000 km de cours d’eau occupés en France.
« Le castor nous interroge, nous pose des questions scientifiques, historiques et philosophiques. Pour mieux le protéger, il faut mieux le connaître, sortir des idées préconçues et des préjugés. Changer de regard, c’est l’idée même de cohabitation », rappelle Rémi Luglia, président de la SNPN qui vient de publier un ouvrage intitulé «Vivre en castor : histoire de cohabitations et de réconciliation » (éditions Quae).
Le choucas des tours, un corvidé sous les projecteurs
Bien que protégé en France depuis les années 1980, le choucas des tours est au cœur de débats en Bretagne, où des arrêtés préfectoraux autorisent régulièrement sa régulation. La raison ? Les dégâts qu’il cause aux cultures de maïs, de légumes ou de céréales en se nourrissant notamment des semences ou de jeunes plants. Les études actuellement menées pourraient contribuer à prévenir ses dégâts de manière durable, en levant au passage un certain nombre de préjugés.
« C’est une éternelle question pour les agriculteurs bretons : le choucas des tours cause-t-il des dégâts dans les champs ? La réponse est loin d’être arrêtée d’un point de vue scientifique », témoigne Sébastien Dugravot, maître de conférences et chercheur à l’université de Rennes.
Le Lémur brun à Mayotte : petit primate, grand amateur de fruits
Classé dans la liste des espèces menacées depuis 1986, le lémur de Mayotte est peu connu en métropole, mais son cas est particulièrement révélateur des tensions entre conservation et développement humain en zone tropicale. En 2019, sa population était estimée entre 10 000 et 30 000 individus, contre 50 000 en 1975. Pourquoi son statut de protection ne suffit-il pas à enrayer son déclin ? Et qu’en est-il des dégâts occasionnés aux cultures fruitières ?
« L’accroissement rapide de la population humaine associé à la déforestation intensifie les interactions avec la faune sauvage. En perdant leur habitat, les lémuriens bruns perdent aussi des ressources alimentaires et, pour survivre, se nourrissent en partie dans les parcelles agricoles. Le lémur brun de Mayotte, primate frugivore protégé et emblématique de la conservation de la biodiversité sur l’île, est particulièrement touché par l’anthropisation des milieux », témoigne Claire Harpet, anthropologue et ingénieure de recherche, à l’université Jean-Moulin Lyon 3.
« Beaucoup d’agriculteurs se plaignent du Lémur à Mayotte. Les études ethnologiques montrent cependant que les cultivateurs ne constituent pas un bloc de rapport unique à la nature. Il existe sur l’île des perceptions et des pratiques de nature différentes », affirme Bruno Simmen, chargé de recherche, UMR7206 – Eco-anthropologie pour le CNRS-Muséum National d’Histoire naturelle (MNHN) -Université Paris Cité.