Enfant des Ardennes, né en novembre 1976 à Sedan, Raphaël Abrille a été élevé dans la culture de la famille et de l’entreprise Sommer, où son père était salarié. Ancien élève de l’Ecole du Louvre dont il était sorti diplômé en 1999, titulaire d’un DEUG d’Histoire, il avait fait ses classes au Musée national du Moyen-Age à Paris, avant de signer son premier contrat au musée de la Chasse et de la Nature, en juin 1999, à la fois comme gardien et assistant de conservation, en charge de l’inventaire du fonds documentaire, de l’histoire de la chasse à la taxidermie, en passant par la photo cynégétique, l’art de la trompe ou la vènerie. 

A l’été 2000, la Fondation l’avait confirmé au poste de Conservateur adjoint en contrat à durée indéterminée. En 24 ans de carrière, il avait participé à toutes les étapes structurantes du musée de la Chasse et de la Nature, auprès de ses conservateurs – Claude d’Anthenaise (directeur de 1998 à 2019), puis Christine Germain-Donnat (directrice depuis 2019) : l’extension de l’hôtel de Guénégaud à l’hôtel de Mongelas en 2005, le nouveau parcours muséographique en 2007, le lancement des expositions temporaires et l’ouverture à l’art contemporain, la seconde extension de 2021. 

Son intelligence fine, sa grande culture, son goût du mot juste, ses qualités humaines avaient fait de lui un collaborateur incontournable. En avril 2016, il avait été nommé Secrétaire général du musée de la Chasse et de la Nature. Pleinement impliqué dans les commissariats d’expositions, il s’était également distingué dans toutes les opérations de rayonnement hors les murs : à Chambord, au musée de la vènerie de Senlis où il avait été détaché comme conservateur deux jours par semaine, en 2005 et 2006, et plus largement, auprès de la communauté des artistes et des institutions culturelles avec lesquels il avait noué des liens très forts. 

Il était d’ailleurs la cheville ouvrière des partenariats du Musée avec la Villa Kujoyama, le Prix COAL art et environnement, la Fête de l’Ours et les Traversées du Marais. Il animait également depuis de nombreuses années l’Association des Amis du musée de la Chasse et de la Nature et de la Fondation François Sommer. Raphaël Abrille a signé un grand nombre d’articles savants, collaboré à nombre d’ouvrages sur l’histoire des pratiques et des arts liés à la chasse. 

A la fois flamboyant et discret, il se serait sans doute reconnu dans ces quelques lignes de l’Académicien Pierre Gaxotte, brossant le portrait de l’Ardennais : « Plus laborieux qu’affable, plus fidèle que glorieux, plus solide que plaisant, plus réfléchi que bavard, plus homme d’action que doctrinaire ; il aime mieux être que paraître ; il ne se dérobe pas aux responsabilités ; il se hâte lentement, mais il n’abandonne pas le terrain conquis ; il juge les hommes à leurs actes et il ne se laisse pas facilement ni abuser, ni ébranler. »